Il est compliqué pour moi d’écrire sur le sujet de la liberté parce que, en ce moment, je me demande comment je peux être utile à toutes ces personnes qui souffrent de la perdre.
Oui, cette année 2020 nous met face à la perte.
Perte d’un être cher
Perte d’un travail
Perte de moyens financiers
Perte de vision
Perte de cohérence
Perte de joie
Perte de sens
Et sentiment de perte de libertés
Comment éclairer le chemin de tous ces gens du mieux possible ?
Comment vous soutenir dans cette tempête médiatique, politique et économique ?
Comment essayer de maintenir le cap ?
Est-il encore de bon ton de parler de spiritualité alors que des gens ne peuvent plus payer leur loyer, leurs charges et se demandent comment ils vont boucler le mois et manger ?
Y-a-t-il besoin de grandes paraboles face à cela, de grandes tirades philosophiques alors que nous sommes dans l’effondrement d’un système ?
Comment rester pragmatique devant toute cette souffrance qui émerge et où nous ne pouvons plus faire comme si nous n’étions pas concernés ?
Comment parler de liberté quand tant de personnes se font massacrer en son nom ?
Nous voulons tellement être libres que nous ne respectons plus la liberté des autres : leur liberté d’exprimer une opinion différente, leur liberté de pratiquer une autre religion, une autre forme de sexualité, leur liberté de voter ou pas dans telle ou telle direction, leur liberté de porter un masque ou celle de ne pas le mettre…
Nous voulons être libres au point d’enfreindre toutes les règles et de ne plus se sentir concernés. Il y a « moi » et les autres. Il y a surtout « MOI » et les autres.
Alors nous roulons à bâtons rompus dans un centre-ville. Nous décidons de nous affranchir des limites pour nous offrir notre dose d’adrénaline. Des enfants meurent, fauchés sur un trottoir. Des familles sont décimées sur les autoroutes, des motards perdent la vie bêtement et l’on ne pense pas un seul moment à nos proches. Concentration maximum sur notre petit nombril, ce « MOI » si glorieux et pourtant si fragile qui VEUT sa dose de sueurs froides.
Nous voulons être libres d’insulter l’autre comme bon nous semble, de le voler, de le frapper ou même de le tuer parfois, sans en ressentir le moindre remords.
Que sommes-nous devenus ? Quelle forme de liberté brandissons-nous, qui nous permet de commettre tout ce que l’on a envie de faire en se croyant seul-e au monde (ou le centre du monde) ?
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